mercredi 15 février 2012

Hibernation forcée

Naissance d'une yourte, articles précédents :
De l'idée à la réalisation
Naissance d'une yourte - 1ère partie Catalogne 
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"L'enfant né un jeudi voyagera toute sa vie" - Charlotte Gainsbourg dans le film "L'arbre".
Je suis née un jeudi, et ça se confirme...




Toujours sur les routes depuis ma dernière note, mais l'hiver étant finalement arrivé j'ai été forcée de me mettre en hibernation. Le temps de m'occuper un peu de ce blog !

Je reviens donc d'Espagne, Catalogne plus précisément, où j'ai passé 17 jours au milieu d'une forêt en montagne pour commencer à fabriquer la yourte. Le plancher, les cadres de portes, les perches, et les poteaux. Je reviendrai sur cette étape dans une prochaine note.

Rentrée en France non sans difficulté (vents violents du côté de Perpignan, tempête de neige dans l'Aude, rencontre d'un fossé à 1km de ma destination), je décide de louer pour un mois la cabane dans les bois de Jérémy, le propriétaire du terrain sur lequel je vais installer ma yourte.




C'est une jolie cabane ronde de 5m de diamètre, équipée d'un poêle, indispensable par les températures actuelles, avec une plaque gaz, mais sans electricité ni eau courante. J'ai un petit bidon d'eau que je vais remplir chez Jérémy, je m'éclaire à la bougie et à la lampe frontale si nécessaire, je remplis mes batteries de téléphone et ordinateur chez Jérémy. L'arrivée d'eau dans la salle de bains commune étant gelée, je n'ai pas pu prendre de douche, mais la nouvelle voisine, locataire d'une autre maison de Jérémy située à côté de ma future yourte, Malati, m'a proposé d'utiliser sa salle de bain, et j'ai accepté avec plaisir. Je n'avais pas vu de véritable salle de bains depuis presque un mois. Mais j'ai quand même pris des bains assez originaux en Espagne (à suivre...).




Arrivée samedi 4 février au soir, j'apprends à allumer le feu dans le poêle, et m'installe. Sur le lit, 2 couettes, un sac de couchage, 3 couvertures en laine du Maroc. J'ajoute à ça 2 bouillottes, mais je n'ai pas fait assez chauffer l'eau et je réussis à avoir un peu froid cette première nuit. Au matin je retrouve mon huile d'olive gelée, il a du faire froid !! Le poêle n'avait pas tenu longtemps, et Jérémy m'a appris plus tard qu'il avait fait -8°C durant la nuit. Les nuits suivantes je m'organise : 3 couvertures en polaire en plus, des bouillottes plus chaudes et je mets le paquet sur le feu. Résultat, dimanche avant d'aller dormir, il fait 20°C dans la cabane, je crève de chaud !! J'en profite pour regarder un très beau film, "L'arbre" avec Charlotte Gainsbourg. Je le conseille !




Dimanche il neige toute la journée, on atteint largement les 10cm de neige. Lundi il arrête de neiger mais c'est toujours couvert. Je ne serai pas délivrée de ma prison de neige tout de suite. J'espère quand même pouvoir aller à la ville dans les jours qui viennent, les provisions diminuent, et ça fait plus d'une semaine que je ne suis pas allée voir mes mails. Et puis j'attends la livraison de mon plancher qui doit arriver d'Espagne, mais avec la neige qui recouvre encore les routes, c'est pas pour tout de suite.




En attendant, j'observe les stalagtites qui se forment tout autour de la cabane, je m'occupe du feu, je fais le point sur les travaux de la yourte... Comme l'a dit Malati, la neige, c'est la nature qui nous réapprend à faire une pause, à hiberner, nous oblige à arrêter de courir tout le temps...




Enfin j'espère tout de même que ça ne va pas durer trop longtemps, parce que la cabane est sympa, mais j'ai hâte de me retrouver dans mon chez moi, à quelques mètres de là ! Et pour ça, il faut que j'aille encore travailler quelques semaines à Massat, plus haut dans la montagne (donc plus enneigé pour le moment, impossible d'y aller par la route et trop froid pour travailler). Je dois y fabriquer les murs et coudre les toiles, ça devrait prendre 2-3 semaines pendant lesquels je n'aurai que mon van où dormir. Je vais donc attendre un peu que le plus dur de l'hiver se passe...




Lundi matin, alors que je n'arrive pas à me décider à sortir de dessous mes couvertures, un petit oiseau arrive à se glisser dans la cabane, attiré par la chaleur. Il commence à se cogner aux vitres, affolé, ce qui m'aide à sortir du lit pour lui ouvrir la porte !




Mardi, je me suis réveillée plus tôt que les jours précédents, pleine d'entrain, et j'ai tout de suite compris qu'il faisait beau. Effectivement le soleil était revenu, et allait faire fondre la neige. Enfin, pas si vite que ça. J'ai eu tout le loisir d'observer mes stalagtites s'allonger et de rester tranquillement à l'intérieur à entretenir mon feu. Dans l'après-midi je suis allée au village à pied, pour me rendre compte que les routes étaient encore bien enneigées. Les locaux ont l'air de rouler sans trop de problème, mais moi je préfère attendre encore avant de sortir.




































Mercredi matin, le soleil est toujours là, mais il fait -6°C dehors à 10h ! Pas beaucoup plus hors de mes couvertures, le premier réflexe du matin c'est de raviver le feu. Jérémy arrive pour me dire qu'il va tenter une sortie en ville, je vais pouvoir profiter du transport. Il emporte au passage ma plus belle stalagtite, trop tentant de les toucher !




































Jeudi matin, je suis réveillée par le bruit d'une bûche qui tombe. Etonnée mais pas motivée pour sortir de dessous les couvertures, il fait trop froid. Quelques minutes plus tard, j'entends le bruit d'une bonne flambée qui démarre, petit miracle, ce matin le feu se fait tout seul !! Ca suffit à me faire sortir du lit pour vérifier et découvrir au passage qu'il fait quand même -5°C à l'intérieur ! C'était pas du luxe ce petit feu.




































Vendredi, Jérémy et Manuela viennent passer la soirée à la cabane, et ont aussi invité les voisins du hameau, Lili et Patrick. On s'installe à la nuit tombée en cercle autour du poêle, à la lueur de la bougie pour manger une raclette fondue directement sur le poêle et quelques crêpes. Je crois que c'était ma soirée raclette la plus originale !




Samedi j'ai l'occasion de retourner à Mirepoix avec le frère de Jérémy qui doit y faire un saut. Juste le temps de récupérer mes mails et m'occuper de 2-3 choses, mais toujours pas assez pour héberger les photos et finir la rédaction de ce blog ! Du coup, je continue mes anecdotes jusqu'à la prochaine occasion.




Dimanche, il fait toujours beau mais froid, je décide de dégager à la pelle une partie de mon terrain pour décharger le van des perches et des portes. Et accueillir les éléments de plancher quand Dadu pourra enfin venir d'Espagne pour me les apporter.




Lundi 13 février, je crois que les températures remontent doucement, mais le soleil se cache, et l'eau n'est toujours pas revenue dans les robinets de la salle de bains. Ca fait donc 8 jours depuis ma dernière douche, il faut que je trouve un moyen. Sauf que je n'ai pas vu Jérémy depuis 2 jours, pour lui prendre au moins quelques seaux d'eau chaude. Je suis passée 2 fois chez Lili mais elle n'était pas là, Malati non plus, mais ce matin je finis enfin par la croiser, et elle me laisse sa salle de bains, ouf ça fait du bien !

(à suivre...)

























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Naissance d'une yourte, articles suivants :
Hibernation forcée - suite et fin
Naissance d'une yourte - 2ème partie Massat
Naissance d'une yourte - 3ème partie Massat 
Sur une montagne haut perchée... 
Montage de la yourte & installation 
La yourte, 2ème montage

3 commentaires:

  1. J'adore !!! (momo)

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  2. au fait, c'est la première fois que je remarque ton blog, il était temps non ?? LOL (momo toujours !)

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  3. Sandra Giuliato15/02/2012 14:49

    Tes photos sont superbes, on prend un grand bol de nature en te lisant !

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