lundi 20 février 2012

Naissance d'une yourte - 1ère partie - Catalogne

Naissance d'une yourte, article précédent :
De l'idée à la réalisation
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Mardi 17 janvier, j'arrive à Arbucies en Catalogne, et entreprends de grimper les quelques kilomètres de piste à travers la forêt pour arriver chez Dadu.



















La maison est dans une clairière perdue dans la montagne, et c'est là qu'on va fabriquer les premiers éléments de la yourte : plancher, cadres de porte, perches et poteaux.




















  






Rafa, le coloc de Dadu, qui nous prépare de bons petits plats espagnols



Découpe des chevrons du plancher

Après une première journée du côté de Barcelone pour acheter les matériaux nécessaires, on commence par construire la structure du plancher. Comme je veux pouvoir le déplacer, j'ai choisi de faire un plancher circulaire divisé en 12 "parts de camembert"
.

Les 12 structures assemblées



Montage des lattes du plancher



Découpe du plancher en ligne droite les doigts dans le nez !

Les 12 structures avec leur plancher

Tracé du cercle du centre

Pour le centre du plancher, on imagine 2 trappes, qui donneront accès à des rangements.



Découpe à la scie sauteuse du cercle extérieur





























Et voilà le plancher une fois terminé, rayonnant tel le soleil qui nous accompagné sans faille pendant ces 10 premiers jours ! A tel point qu'il faisait limite trop chaud pour travailler en pleine journée, et qu'il fallait sortir chapeaux et lunettes de soleil. On se disait que c'était pas normal, cet hiver qui n'arrivait pas, et puis... le dernier weekend de janvier, alors que le plancher était resté monté dehors, la pluie et le froid sont arrivés. On l'avait bâché, mais le lundi on a vu que le bois avait énormément travaillé avec l'humidité, et les espaces entre les parts s'étaient agrandis. J'espère que ça ne restera pas comme ça...


Yourte
Eliott, qui nous file un coup de main pour démarrer le générateur

Pour fêter la fin de notre plancher camembert, je prépare une tartiflette au camembert (on fait avec ce qu'on trouve, déjà y'a du fromage français, je suis contente !). Le camembert ne coule pas autant que le reblochon et n'a pas vraiment de goût, mais ça reste toujours de la patate, du cochon, de la crème et du fromage, et ça plaît beaucoup à Rafa qui en mange pour la première fois : Malgré les grosses quantités, on arrive à tout finir, avec un petit vin espagnol pour faire couler !


 



























Le château qu'on pouvait apercevoir au loin

Ce dernier weekend de janvier, on s'est octroyés une pause au restaurant de Can Puig situé à quelques kilomètres, perdu lui aussi dans la montagne. Le dimanche, les barcelonais viennent s'y promener et la salle est bondée.

























J'ai testé la spécialité du coin, les calçots, tout petits poireaux grillés que l'on mange avec les doigts accompagnés d'une sauce. J'ai bien sûr goûté aussi aux typiques tartines grillées frottées à l'ail et la tomate et agrémentées d'un filet d'huile d'olive. Avec une bonne assiette de canard rôti et quelques verres de vin, un bon repas !






Montagnes, oliviers et mimosa



Olivier et chapelle



























Le Mont Seny, qu'on pouvait voir de la maison, déjà un peu enneigé au sommet

Je vous ai dit précedemment que j'avais pris des bains assez spéciaux en Espagne. Il faut savoir que la maison n'est pas reliée à l'eau ni l'électricité. Il y a donc des panneaux solaires pour alimenter quelques ampoules, de quoi brancher ordinateurs et téléphones, et même une télé et son lecteur dvd, ce qui nous permettait, les soirs de journées suffisamment ensoleillées de regarder les dvd de Stargate de Rafa. Je n'avais jamais vu cette série et ça a un peu vieilli, mais ça nous amusait bien quand même. Pour en revenir à l'eau, elle est pompée une fois par semaine dans un puits qui alimente une grande cuve. On a donc de l'eau aux robinets, mais pas d'eau chaude. Du coup, il n'y a pas de salle de bains avec douche dans la maison, mais Dadu et Rafa ont installé dehors une baignoire, sous laquelle ils font un feu, pour faire chauffer l'eau.

























J'ai testé ces bains à la nuit tombée, sous les étoiles, c'est magique ! Bien que la température extérieure soit proche de 0°, l'eau du bain est à pratiquement 40° et surtout elle ne refroidit pas ! On est même obligés de la vider un peu de temps en temps pour rajouter de l'eau froide, si on ne veut pas finir comme un ragoût dans une marmite !

























Le coin salle de bains derrière la maison

J'ai aussi eu l'occasion de tester la douche froide quelques matins, quand les bains étaient trop espacés à mon goût. Beaucoup moins agréable, mais enfin il y avait toujours un rayon de soleil.


La semaine suivante, Dadu s'est occupé des cadres de portes.



Collage des montants






Cadre collé et vissé



































 

Découpes arrondies au dessus des portes pour accueillir les perches



Encoches sur toute la hauteur des cadres dans lesquelles les murs viendront s'encastrer

























Les 2 cadres finis

Pendant ce temps, avec Rafa, on s'occupe des perches de chataîgnier. Il les passe au rabot et je finis d'écorcer au couteau. Il y a 60 perches à faire, et ça nous prend un temps fou !








































Au final j'ai dû écorcer des perches pratiquement tous les jours pendant les 17 jours que j'étais là, en variant avec d'autres activités pour ne pas devenir folle.




Ensuite il faut encore les poncer et les passer à l'insecticide. Puis les huiler, mais je ne ferai ça que de retour en France.

Vous avez dû remarquer l'apparition des bonnets sur les photos, l'hiver ayant pointé son nez. On en a profité pour prendre une petite photo de groupe devant l'atelier, en tenue de travail.
























Le matin du 1er février, Rafa nous dit que c'est le printemps qui arrive. Finalement, en fin de journée c'est la neige qui s'annonce ! Comme on risque d'être bloqués chez nous quelques jours, Rafa descend en ville chercher quelques rations de survie. On se retrouve donc avec des bougies , des paquets de levure pour faire le pain. 3 boites de lait, autant de bouteilles de vin, 2 pizzas, 2 paquets de café. On a peut-être des priorités un peu bizarres !

























Le lendemain matin, tout est blanc !




































La salle de bains et sa baignoire transformée en patinoire pour rouge-gorges !
































Les fleurs qui avaient osé sortir par ce beau temps de janvier se retrouvent gelées en février


Notre minette à bandeau de pirate, pleine de neige


L'autre minette froussarde, qui se cache

Les derniers jours, malgré la neige, on continue le travail. Il s'agit de tout passer à l'insecticide et à l'huile.

























La couronne, prête à huiler



Passage d'une couche d'huile dure

Je m'occupe aussi de passer les 2 couches d'huile dure sur les planchers. Comme il fait froid et humide je fais ça dans une pièce proche de l'atelier, à la lumière des hallogènes, et au bruit du générateur qui alimente les outils. Heureusement j'ai mes podcasts à écouter pour m'occuper un peu pendant ces longues heures, et en plus l'huile dure écologique que j'ai achetée est faite à base d'agrumes et ça sent super bon, c'est agréable !



Vissage des poteaux de soutien de la couronne

Avec les poteaux s'achève cette première partie en Espagne.

























Le dernier jour, le soleil est revenu et nous permet d'admirer la montagne en face, toute enneigée et bien éclairée au lever du soleil.





























Et au coucher du soleil, avec des nuages de neige qui se détachent de la montagne.
























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Naissance d'une yourte, articles suivants :
Hibernation forcée
Hibernation forcée - suite et fin
Naissance d'une yourte - 2ème partie Massat
Naissance d'une yourte - 3ème partie Massat 
Sur une montagne haut perchée... 
Montage de la yourte & installation 
La yourte, 2ème montage 










De l'idée à la réalisation

"Les petites maisons et pièces renforcent l'esprit, les grandes l'affaiblissent" - Léonard de Vinci.

























Lors de mes 10 jours de camp avec des grimpeurs d'arbres dans la cédraie marocaine au mois d'avril dernier (ah tiens, je ne vous ai toujours pas raconté en détail ? Le temps passe, et le vent me pousse de moins en moins vers des endroits équipés d'internet, je ne sais pas si ce blog réussira un jour à trouver une véritable cohérence chronologique !) Bref, parmi ces grimpeurs j'ai rencontré Armelle, qui m'a raconté vivre en yourte dans les Cévennes. Au départ ça m'a intriguée, puis j'ai réfléchi à cette option, qui pourrait me permettre de rentrer en France tout en gardant le mode de vie simple que j'avais adopté au Maroc. Et voilà comment l'arrivée de ces quelques français alternatifs chez moi au Maroc m'aura permis de rebondir sur de nouveaux projets, après cette année de pause à l'étranger. Parce que mon idée était bien de rentrer en France à un moment donné, mais que je ne voulais surtout pas retomber dans la routine d'avant.




































Rentrée en France en juillet, je me promets que ma prochaine habitation fixe sera ma yourte. Je passe donc l'été sur les routes avec mon van, allant d'amis en amis, Bretagne, Vendée, Corrèze, Cévennes, Pyrénées, rencontrant une association qui fabrique des yourtes, allant voir celle d'Armelle et aussi celle de François, un autre grimpeur d'arbres. Je me renseigne sur la construction, et je cherche aussi le lieu où poser mes valises, enfin ma future yourte.





J'aime bien les Cévennes, mais je m'y sens trop à l'étroit dans ses montagnes trop isolées, ses vallées trop encaissées. Je finis par rendre visite à quelques amies rencontrées à Azrou et qui habitent dans les Pyrénées. Est-ce leur accueil, la beauté des paysages, l'ambiance de la région, un peu de tout ça à la fois, toujours est-il que je comprends vite que c'est ici que je resterai, en Ariège !





Marie a la gentillesse de me laisser m'installer plus d'un mois chez elle. J'en profite pour rechercher un terrain où poser la yourte. Je passe par le réseau de WWOOFing, qui donne une liste de fermes accueillant des travailleurs contre gîte et couvert. Certaines descriptions donnent à penser que les propriétaires seraient ouverts à mon projet. Et au bout de quelques temps, je me retrouve au téléphone avec Jérémy, qui me répond du tac au tac qu'il avait justement ce genre de projet en tête ! Je le rencontre quelques jours plus tard et découvre le terrain. Le contact passe bien, le terrain est déjà un peu aménagé, c'est à la fois isolé et il y a du passage, c'est en Ariège et très bien situé, entre montagnes et piémont, pas loin des grands axes et villes, pas trop loin de la mer et de l'Espagne. Je passe quelques temps sur place en octobre pour me faire une idée, puis je remonte dans le Loir-et-Cher pour m'organiser, faire les plans de la yourte, trouver les fournisseurs, récupérer mes meubles et cartons. Et un petit saut en Vendée pour fabriquer la couronne de la yourte avec mon oncle ébéniste. Je m'offre ensuite une semaine de pause sur Paris pour fêter Noël et le Nouvel an. La grande ville c'est bien 2 minutes, mais j'ai hâte de retrouver mes montagnes !





Début janvier je redescends vers le sud, le camion chargé de mes affaires que je dépose chez Jérémy avant de traverser les Pyrénées pour aller dans une maison au coeur d'une forêt de Catalogne, où je vais commencer à fabriquer la yourte avec Dadu, un autre ami grimpeur d'arbres.

(à suivre...)


















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