dimanche 29 juillet 2012

Naissance d'une yourte - 2ème partie Massat

Naissance d'une yourte, articles précédents :
De l'idée à la réalisation
 Naissance d'une yourte - 1ère partie Catalogne 
Hibernation forcée
Hibernation forcée - suite et fin
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Après mon hibernation forcée de février, je pars vers Massat le mardi 21, pour la 2ème partie de la fabrication de la yourte. Massat est à l'autre bout de l'Ariège, dans les montagnes, et il y a quelques jours il faisait encore -19°.

Montagnes enneigées.

Plus je m'approche, plus c'est enneigé et les routes sont glissantes, mais heureusement le chasse-neige est passé. Je trouve un parking un peu dégagé pour passer ma première nuit, sous une bonne pile de couvertures, mais sans bouillotte cette fois. Il fait 2° le soir, et je m'apprête à passer une mauvaise nuit, car jusqu'ici, pour les nuits froides j'avais au moins mes bouillottes.

Vallée d'Eychenne, vue vers le soleil couchant.
 
Au réveil il fait -6°, mais étonnamment je n'ai pas eu si froid. Je vais au café pour prendre mon petit-déj et me réchauffer un peu, avant de rejoindre Jeni et Daeve à leur atelier. Ils ont une petite entrerprise de fabrication de yourtes : Fait à dessein. C'est avec leur aide et leurs outils que je vais finir la yourte. Daeve me montre comment marche l'étuve, qui sert à ceintrer les lattes des murs.

Bois étuvé. dessinemoiuneyourte.com

J'installe mes quartiers - enfin mon van - sur le parking du cul-de-sac qui mène au terrain de Jeni et Daeve. J'avais décrit les lieux dans mon dernier post.


Ma maison pour les 2 premières semaines.

C'est pas vraiment à l'horizontale, y'a pas vraiment de commodités, mais je peux utiliser leur cuisine et toilettes sèches quelques centaines de mètres plus bas, et même faire bouillir de l'eau pour mes bouillottes.

Tas de neige sur le bord du parking.

Mercredi 23 février, c'est mon anniversaire, mais pour fêter ça, ce qui m'attend c'est 2m de neige à dégager pour en sortir mes planches de frêne. Daeve m'aide à en descendre quelques unes à l'atelier, et me montre le fonctionnement de ses outils. Je fais aussi un saut à St Girons pour acheter du matériel.
Les planches dégagées après 2h à la pelle.

Je passe les premiers jours à descendre des planches de frêne de 4m de long jusqu'à l'atelier quelques centaines de mètres plus bas par les petits chemins étroits. Crevant.


Début du chemin vers l'atelier.

Planches de frênes posées contre le mur de l'atelier. dessinemoiuneyourte.com

Je coupe à la scie circulaire quelques 130 tasseaux de 2cm de large.

A l'intérieur de l'atelier. dessinemoiuneyourte.com

Scie circulaire.dessinemoiuneyourte.com

Découpe des tasseaux. dessinemoiuneyourte.com

Il faut ensuite raboter chaque face des tasseaux. Il y a une machine pour ça, il suffit de placer chaque tasseau et le récupérer à la sortie, c'est pas compliqué, mais ça prend du temps. Beaucoup de temps.

Raboteuse. dessinemoiuneyourte.com

Je finis en 4 jours et remonte les tasseaux sur le parking. Ca fait un sacré paquet à déplacer !

Tasseaux de frêne.

Pour fêter la fin de cette première partie, comme en Espagne, je prépare une tartiflette pour Jeni, Daeve et les enfants. La différence c'est que cette fois, j'ai du Reblochon, du vrai. Et ils aiment !

 Danu et sa tartiflette.

Les 3 jours suivants je m'occupe de l'étuvage des tasseaux de frêne. Ca se passe en bas de la vallée, à la sortie du village de Massat. Au milieu de la neige, j'allume le feu dans le petit poêle à bois relié au tube dans lequel s'accumule la vapeur.

Etuve et structure pour ceintrer le frêne. dessinemoiuneyourte.com

Le feu. dessinemoiuneyourte.com

Vapeur à la sortie de l'étuve, et tasseaux ceintrés. dessinemoiuneyourte.com

Pendant ce temps-là, Daeve s'occupe des encoches de la couronne d'une de leurs yourtes. Les trous sont faits au fer chaud. Je n'ai pas utilisé cette technique, ma couronne a été faite par mon oncle ébéniste.

Trous dans la couronne. dessinemoiuneyourte.com

Pendant les 4-5h d'étuvage, j'en profite pour prendre une douche et un shampooing sommaires près de la rivière. L'espace et complètement ouvert sur les alentours, mais je n'ai pas le choix, il n'y a pas vraiment de coin pour se cacher.

Ma maison pour 2 mois.

L'espace où je me gare pour les 2 mois suivants, est à côté de l'atelier, pas loin du village. Pas de toilettes, pas de salle de bains, pas de cuisine, pas d'internet, pas de robinet. Mais un accès à l'électricité pour faire bouillir l'eau de la rivière pour les bouillottes ou me laver. Pour l'eau potable, je remplis mes bidons à la source du hameau près de chez Jeni et Daeve.

Le même parking, sous la neige.

Au total, pendant les 3 mois les plus durs de l'hiver et le printemps, je n'ai pu manger chaud que très rarement, et les douches étaient très limitées, sans parler du froid.

Mais pendant les jours de l'étuvage, il fait très beau, et la neige commence à fondre. Jeni en profite pour installer un de ses tipis.




Tipi. dessinemoiuneyourte.com

Les lattes une fois cintrées serviront à fabriquer les treillis des murs. Le cintrage sert à éviter que les murs soient trop concaves une fois arrondis.

Lattes cintrées.


Il faut maintenant faire les quelques 800 trous pour les noeuds. Pour ça il y a une perçeuse à colonne qui est bien pratique. Je les fais en 3h30, soit 4 trous la minute. Pas mal ! Mais la neige est en train de revenir, et je suis installée dehors, alors la grosse doudoune et les gants sont de rigueur.


Retour de la neige à Massat. dessinemoiuneyourte.com


Pour se réchauffer, Daeve ramène un soir de la tartiflette toute prête qu'on fait réchauffer sur le poêle. C'est pas de la grande cuisine mais ça fait du bien de manger chaud pour une fois

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Toute la partie bois de ma yourte, sauf les murs, est maintenant entreposée dans l'atelier.

A droite, ma yourte. A gauche, une petite yourte de Jeni et Daeve. dessinemoiuneyourte.com

Pendant 4 jours, je ponce les arêtes de chaque latte, c'est pas vraiment amusant, et ça prend vraiment longtemps. J'alterne un peu avec les traitements à l'insecticide et à l'huile. Je passe la meuleuse sur le bout de certaines lattes pour les arrondir.

Ne reste plus qu'à nouer les lattes entre elles pour assembler les murs. Pour faire ces 400 noeuds, j'appelle un ami, parce qu'on m'a prévenue que ça prend très longtemps. Et ça fait mal aux doigts.
Je commence avec les liens de cuir que j'avais choisis, ils sont beaux, mais malheureusement ils ne sont pas assez solides.
Premiers noeuds, au soleil au chaud dans l'atelier.



Je suis obligée d'utiliser de la drisse blanche, moins jolie mais qui a l'avantage de fondre sous la flamme du briquet pour sécuriser le noeud.

Noeuds avec la drisse.

Dom au travail.



Il faut d'abord faire le premier noeud, le brûler et l'écraser sur un couteau, puis l'enfiler dans les trous des lattes du mur.


Il faut ensuite tirer fort pour serrer le 2ème noeud au maximum.



Et ça fait mal aux doigts ! Les gants, ça n'est pas que pour le froid...


Et voilà le premier mur fini ! Il s'arrondit très facilement et tient debout tout seul.




Le matin au petit déjeuner, il fait froid dans l'atelier. Dom a du mal à sortir de son sac de couchage !

On passe une matinée avec Dom à huiler les perches du toit, puis je le raccompagne chez lui, dans sa cabane au milieu des montagnes.


Soleil à l'atelier : le bon jour pour faire sécher mon linge !

Danu qui s'amuse à se faire un chapeau avec une branche posée sur un lit de mousse.

Samedi 17 mars, on fait un premier montage de la yourte. C'est le moment de vérité, je vais savoir si les différentes pièces fabriquées à droite à gauche vont bien s'assembler sans problème.

Début du montage. dessinemoiuneyourte.com

Ca se passe bien, et la structure bois est debout au bout de 2 heures.


Je dois quand même couper à la bonne longueur les perches au dessus des portes, mais ça s'avère compliqué. Ca sera finalement solutionné le jour du montage final, 2 mois plus tard.
Le jour suivant, Jeni me montre le fonctionnement de sa machine à coudre industrielle.

Alors que je commence la couture, il recommence à neiger. C'est le baptême de la neige pour la yourte, qui heureusement est bâchée.


Mais ça ne dure pas, et le lendemain, le brouillard au lever du soleil est magnifique.


A suivre pour la partie couture...

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Naissance d'une yourte, articles suivants :
Naissance d'une yourte - 3ème partie Massat 
Sur une montagne haut perchée... 
Montage de la yourte & installation 
La yourte, 2ème montage


3 commentaires:

  1. Très interessant et beau...bravo!

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  2. Quel blog magnifique et quel plaisir à le lire, je rêve moi-même de partir vivre en Ariège ! Les photos font rêver, même si cette aventure n'est pas facile tous les jours. J'espère que tu as pu trouver un endroit où poser ta yourte et que tes projets se réalisent. Bon courage pour le nouvel hiver qui approche, j'attends de nouveaux articles avec impatience ! :) A bientôt.

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